Pauline Sesniac


2023 :
'Stalactites in a white cube'
Série de peintures réalisées avec Luca Reverdit
Stalactites gouache and acrylic painting in a white cube n°8, 60,5cm x 70cm, huile sur toile.
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2023 :
'Stalactites in a white cube'
Série de peintures réalisées avec Luca Reverdit
Stalactites gouache painting in a white cube n°8, 40cm x 60cm, huile sur toile.
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2023 :
'Stalactites in a white cube'
Série de peintures réalisées avec Luca Reverdit
Stalactites acrylic painting in a white cube n°3, 40cm x 50cm, acrylique et huile sur toile.
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2023 :
'Stalactites in a white cube'
Série de peintures réalisées avec Luca Reverdit
Stalactites gouache and acrylic painting in a white cube nᵒ2, 40cm x 50cm, acrylique sur toile.
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2023 :
'Stalactites in a white cube'
Série de peintures réalisées avec Luca Reverdit
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En deçà des sols terrestres existent des mondes féconds, creusés sous l’effet de l’érosion. De l’infiltration de l’eau dans la roche naît un vaste réseau de galeries souterraines. Ces cavités silencieuses abritent des écosystèmes où se forment de nombreuses concrétions aux allures polymorphes. C’est ce processus karstique qui anime les recherches de Luca Reverdit et Pauline Sesniac, artistes et plasticien·nes fondateur·ices de l’atelier Pauvre terre, résidant respectivement à Athènes et à Bruxelles. Leur pratique articule peinture, sculpture, dessin et vidéo, médiums à l’issue desquels iels questionnent et expérimentent les processus de création.
Dans le cadre de ce projet d’exposition, le duo prête ainsi attention au territoire de la grotte, sous le prisme de l’analogie de Gaïa, symbole de la Terre mère. Dans ce vocabulaire propre à cet héritage spirituel, cette recherche s’inscrit sous le joug d’une perspective écoféministe à l’égard des pratiques technologiques actuelles. Pour ce faire, iels ont fait appel à une matrice en générant plusieurs séries d’images par l’intermédiaire d’une intelligence artificielle, en l’invitant à fabriquer des œuvres d’art à partir de textes décrivant des éléments spéléologiques. Le duo s’est ensuite attelé à reproduire ces images afin de les faire naître in situ, dans le réel.
Le projet interroge le protocole de naissance des images et leur pouvoir maïeutique. Saisies de transformations, de concrétions, de ruissellements, elles sont toutes issues d’un même territoire commun, l’environnement naturel maternel. Comment prendre soin de nos territoires, bâtir de nouveaux récits sur les ruines du capitalisme ? Remettant en cause à la fois le statut d’artiste auteur·e, l’institution culturelle et le protocole de création d’une œuvre d’art, Stalactites in a white cube amène à repenser l’anthropomorphisme de l’art pour instruire des manières de tisser des liens avec notre environnement. En détachant l’image de son propriétaire, on repense une nouvelle écologie des images plus autonomes, partie prenante d’une possible réconciliation entre nature et culture.
Le White Cube, symbole de l’institution culturelle moderne par excellence, se doit de se déterritorialiser pour accueillir et faire parler la diversité des êtres-vivants au travers d’une politique cosmomorphe, en suivant le courant de pensée de Montebello lorsqu’il évoque la fin de l’Anthropocène au profit d’une “Nouvelle Terre”. Comment utiliser ces progrès et réorienter les pratiques au profit de ce à quoi nous tenons vraiment ? Une problématique de consistance se pose si l’homme moderne n’a de valeur qu’aux yeux de lui-même, ainsi il s’agit d’une invitation à repenser notre relation au monde avec lequel nous sommes en prise.

Dans la pénombre résonne la frappe répétitive d’une goutte d’eau sur le sol. Sa chute embrasse la cime de l’amoncellement de calcaire, ne cessant de s’accroître. Du haut de sa stalactite, elle œuvre depuis un certain temps dans un unique but ; s’accoupler avec la roche qui se trouve au pied de sa chute. Patience. On y est presque ! Plus que quelques efforts avant l’étreinte. Nous y voilà ; on décèle progressivement la formation d’une colonne en puissance. La majestueuse naissance d’une sculpture rocheuse, invisible depuis l’extérieur. Le processus est lent et requiert des conditions optimales afin d’assurer la prospérité de la grotte, à laquelle revient le rôle de mère, en charge d’assurer le bon déroulé de la gestation.